La Sologne est un petit pays de l'ancienne France, dans l'Orléanais, aujourd'hui dans le département du Loir-et-Cher, entre la Loire et le Berry. Ce pays est couvert de marais (on en compte environ 1 200, occupant 17 000 hectares), de landes, de bruyères, de terres incultes ; les fièvres y étaient fréquentes et la population rare.
Du temps où saint Mesmin gouvernait le monastère de Micy (aujourd'hui Saint-Mesmin) près d'Orléans, plusieurs religieux de cette maison se retirèrent dans les landes de la Sologne, pour y servir Dieu avec plus de liberté d'esprit. Parmi eux était Viatre, originaire du Berry. Arrivé dans la solitude, il marqua l'emplacement de sa cellule et le lieu où il voulait mourir par la plantation d'un tremble, dont l'église et le bourg de l'endroit prirent ensuite le nom pittoresque de Tremble-Vif ; la tradition du pays ajoute que cet arbre miraculeux se renouvela d'âge en âge dans un des piliers du temple. Le culte du bienheureux patron s'est perpétué de même ; et cette contrée l'invoque avec une pieuse confiance. On lui attribue particulièrement le pouvoir de guérir les fièvres, si communes au milieu des marécages insalubres de la Sologne.
L'église fut bâtie, ou du moins reconstruite, grâce aux libéralités de deux époux natifs du Berry, et non moins fervents que riches. Le mari était paralytique depuis dix ans, la femme, aveugle depuis quinze ; l'un et l'autre durent leur guérison complète à l'intercession de saint Viatre, et lui en témoignèrent généreusement leur reconnaissance : ainsi parle la naïve légende.
Les reliques de ce patron vénéré, après avoir subi plusieurs vicissitudes, ont été reconnues de nouveau en 1817, et renfermées dans une splendide châsse d'argent, donnée par M. Deloynes d'Auteroche, alors principal propriétaire de la paroisse de Tremble-Vif.
La fête de saint Viatre est marquée au 5 août. Depuis quelques années, la paroisse a été autorisée à quitter son nom et à prendre celui du saint patron qu'elle honore toujours.
Sources :
« Saint Viatre de Tremble-Vif, moine de saint Mesmin, près d'Orléans, puis solitaire au diocèse de Blois (Milieu du VIe siècle) », dans Paul Guérin, Les Petits Bollandistes : du 24 juillet au 17 août, t. IX, Paris, Bloud et Barral, 1876, p.338 (en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30739j/f344.item)