L'abbaye de Saint-Étienne est la plus ancienne de toutes les maisons religieuses de Strasbourg : elle fut fondée vers l'an 717, sous le règne de Chilpéric Il, roi d'Austrasie, par Adelbert, duc d'Alsace et frère de sainte Odile.
Dès que les bâtiments du monastère furent achevés, le duc choisit pour le gouverner Attale, sa fille, qu'il avait eue de Gerlinde, sa première épouse, et qui avait été formée par les soins de sainte Odile, sa tante. Attale introduisit dans sa communauté la règle canonique suivie alors à Hohenbourg, comme étant plus proportionnée à la délicatesse de son sexe que celle de Saint-Benoît. Elle marcha sur les traces de sa bienheureuse tante, et donna à Strasbourg les beaux exemples de vertu que celle-ci donnait à Hohenbourg. Elle sut allier avec la plus tendre piété une douceur inaltérable qui lui gagna tous les cœurs car cette piété n'avait rien de farouche ni de repoussant. Aimable dans toutes ses démarches, prévenante envers les autres, Attale fut toujours sévère pour elle-même, accordant à ses religieuses ce qu'elle se refusait, et remplissant à leur égard, avec une attention recherchée, les devoirs d'une bonne mère qui chérit tendrement ses enfants.
Attale fit l'objet de l'édification de sa communauté jusqu'à la fin de ses jours, arrivée vers l'an 741. La ville de Strasbourg la regardait comme un ange tutélaire et avait pour elle la plus haute vénération. Pour répondre à la dévotion des fidèles, on fut obligé de laisser son corps exposé pendant cinq semaines ; l'idée qu'on avait de sa sainteté était si grande, qu'on accourait de toutes parts se recommander à son intercession. On raconte que Wérentrude, abbesse de Hohenbourg et amie particulière d'Attale, brûlant du désir d'avoir de ses reliques, eut recours à un moyen qu'autorisait alors le vif empressement qu'on avait de posséder des reliques de saints. Ayant découvert son dessein à un prêtre, nommé Werner, elle l'envoya dans l'église de Saint-Étienne, sous prétexte d'y faire des prières près du corps de la sainte qui y était exposé, mais en réalité avec la commission secrète de s'emparer de sa main droite en la coupant. Werner s'y rendit et trouva moyen d'exécuter fidèlement l'ordre de Wérentrude. Il était sur le point de s'en retourner à Hohenbourg pour remettre à l'abbesse la relique qu'il avait enlevée, lorsqu'il fut découvert : cette main fut renfermée dans une boite de cristal et conservée dans l’église de Saint-Étienne, ainsi qu'un manteau de laine noire, qu'on prétend avoir appartenu à sainte Attale, et que chaque abbesse était obligée de mettre sur ses épaules à son avènement. Cette main est conservée de nos jours dans l'église de Sainte-Madeleine, où on l'expose tous les ans à la vénération des fidèles, le 3 décembre.
On représente sainte Attale ayant près d'elle un puits, parce que, dans l'abbaye de Saint- Étienne, la crypte renfermait un puits dont l'eau était recherchée pour maintes guérisons.
Sources :
« Sainte Attale, première abbesse du monastère de Saint-Étienne de Strasbourg », dans Paul Guérin, Les Petits Bollandistes : du 1er décembre au 31 décembre, t. XIV, Paris, Bloud et Barral, 1876, p.45 (en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k307444/f51.item.texteImage#)