Saint Constantien, né en Auvergne, se voua au service de Dieu dès le plus jeune âge. Ayant achevé son apprentissage de la vie monastique dans son pays, il se retira dans le diocèse d'Orléans, au monastère de Micy, qui jouissait alors d'une grande renommée sous la direction du saint abbé Maximin. Il y trouva saint Frimbaud, son compatriote, qui avait passé quelque temps dans la solitude d'Ivry, près de Paris. Le désir d'une plus grande perfection leur inspira depuis à l'un et à l'autre la résolution de chercher quelque désert écarté où ils fussent inconnus au monde. Ils s'arrêtèrent dans la forêt de Nuz, sur le territoire d'Herbon (Javron), au pays du Maine. Saint Innocent, évêque du Mans, obligea depuis Constantien à recevoir les saints ordres, afin qu'il pût être utile aux habitants des villages voisins. Son zèle, sa douceur, ses exemples et ses prières opérèrent un grand nombre de conversions. Il continua ses missions sous saint Domnole, successeur de saint Innocent.
Les miracles venaient aussi en aide à sa prédication. Il y eut un aveugle auquel il rendit la vue pendant la célébration de la liturgie, en priant et en faisant le signe de la croix sur lui. Il prédit au roi Clotaire Ier, qui allait faire la guerre en Bretagne, où l'on appuyait la révolte de son fils Chramne, qu'il remporterait la victoire. Pour offrir un asile aux disciples de plus en plus nombreux qui se réunissaient autour de Dieu, il bâtit un monastère sur un fonds de terre qui lui avait été cédé, entre autres par le roi. Ce monastère fut longtemps illustre, jouissant de tous les privilèges des fondations royales, d'une indépendance complète dans son administration intérieure, et sous la protection du monarque, qui en défendait les propriétés de toute vexation extérieure. Dans la suite, il fut réduit à la condition d'un simple prieuré dépendant de l'abbaye de Saint-Julien de Tours. Il composa une règle dans laquelle brillait le reflet de la divine sagesse ; ayant désigné son successeur, il s'endormit dans le Seigneur le 1er décembre, vers l'an 570.
Le corps du saint abbé, longtemps conservé au monastère de Javron, fut ensuite porté dans la cathédrale du Mans, de crainte des Normands. Mais vers le milieu du XIe siècle, Avisgaud, pour se défendre des vexations d'Hébert, comte du Mans, eut besoin du secours de Gilduin de Breteuil, son parent, il lui donna en récompense les reliques de saint Constantien, dont fut enrichi le monastère nouvellement restauré de Breteuil, dans le diocèse de Beauvais. A partir de ce moment, saint Constantien fut compté parmi les patrons de Breteuil ; il jouit bientôt d'une grande vénération dans tout le pays, à cause des miracles qu'il opérait particulièrement en faveur de ceux qui étaient atteints de folie ou qui souffraient du mal de tête. Un précieux témoignage à citer sur la fréquence de ces miracles et sur la dévotion qu'ils inspiraient aux peuples, c'est celui qu'en rendit au XIIIe siècle le pape Innocent IV.
Le saint corps est encore aujourd'hui conservé dans la petite ville de Breteuil, toujours en possession de la confiance et des hommages des fidèles.
Sources :
« Saint Constantien, abbé de Javron, au diocèse du Mans », dans Paul Guérin, Les Petits Bollandistes : du 1er décembre au 31 décembre, t. XIV, Paris, Bloud et Barral, 1876, p.24 (en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k307444/f30.item.texteImage)