Saints THÉODORE et THÉOPHANE, confesseurs des saintes icônes à Constantinople (IXe siècle)

  Fête : 27 décembre

Saint Théodore naquit dans le pays des Moabites. Ses parents, aussi vertueux que riches, vinrent s'établir à Jérusalem, pour être à même de lui procurer une éducation chrétienne. Il était encore fort jeune lorsqu'ils le mirent dans le monastère de Saint-Sabas. Il y parvint en peu de temps à un haut degré de vertu et devint fort célèbre dans le monde. Le patriarche de Jérusalem l'ordonna prêtre. Pendant la persécution que Léon l'Arménien avait excitée contre les saintes icônes, il fut député vers ce prince pour l'exhorter à ne plus troubler la paix de l’Église. Mais ses exhortations n'eurent pas l'effet qu'on en attendait : l'empereur, après l'avoir fait battre cruellement, l'exila dans une île à l'entrée du Pont-Euxin. Théophane, son frère, qui l'avait accompagné, et qui était aussi moine du monastère de Saint-Sabas, fut traité de la même manière. Ils souffrirent beaucoup l'un et l'autre de la faim et du froid. L'empereur étant mort en 822, ils eurent la liberté de revenir à Constantinople, où Théodore publia quelques écrits pour la défense de la doctrine catholique.

Michel le Bègue succéda à Léon l'Arménien. Ce prince passait pour n'avoir aucune religion ; ou tout au plus, appartenir à la secte des manichéens. Il affecta d'abord une espèce de neutralité entre les orthodoxes et les iconoclastes. Il fit mettre cependant saint Théodore en prison, et l'envoya depuis en exil. Théophile, son fils, lui succéda en 829 ; il se déclara en faveur des hérétiques, et persécuta les orthodoxes avec fureur. Théodore et son frère furent maltraités de nouveau, et relégués dans l’île d'Aphuse. Deux ans après, on les ramena à Constantinople. L'empereur les fit dépouiller et battre en sa présence. On les frappa avec tant de violence, qu'ils en furent tout étourdis et pensèrent tomber aux pieds du prince. On les conduisit en prison, où ils restèrent quelques jours. Comme ils refusaient toujours de communiquer avec les iconoclastes, l'empereur ordonna de leur graver sur le front et sur le visage douze vers ïambes dont voici le sens : « Ces hommes ont paru à Jérusalem comme des vases d'iniquité remplis d'erreurs superstitieuses, et en ont été chassés pour leurs crimes. S'étant sauvés à Constantinople, ils n'ont point renoncé à leur impiété ; ils en ont été chassés aussi, après avoir eu le visage stigmatisé ». Quoique les plaies dont leurs corps étaient couverts fussent très enflammées et très douloureuses, on les lia sur des bancs pour leur graver sur le visage les ïambes dont nous venons de parler. Cette opération, aussi longue que cruelle, ne fut interrompue que par la nuit. On les ramena en prison, ayant le visage tout en sang. Peu de temps après, ils furent exilés à Apamée, en Syrie, où saint Théodore mourut de ses souffrances (vers 850). C'est de l'inscription des ïambes qu'on l'a surnommé Grapt, qui signifie, en grec, marqué ou gravé. Théophane lui survécut de quelque temps. Cependant l'impératrice Théodore, orthodoxe zélée, gouverna l'empire pendant la minorité de Michel, son fils. Le saint patriarche Méthode rétablit le culte des saintes icônes en 842. Théophane fut élu évêque de Nicée, afin de travailler plus efficacement à détruire une hérésie dont il avait déjà triomphé. Il est nommé conjointement avec son frère dans le martyrologe romain. Les grecs honorent saint Théodore en ce jour, et saint Théophane la 11 octobre. Ils surnomment le second le Poète, à cause des hymnes sacrées qu'il a composées.


Sources :

« Les saints Théodore et Théophane, frères, confesseurs », dans Paul Guérin, Les Petits Bollandistes : du 1er décembre au 31 décembre, t. XIV, Paris, Bloud et Barral, 1876, p.495 (en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k307444/f501.item.texteImage)