Sainte Monégonde était originaire de Chartres. Elle se maria et eut deux filles. Mais elles moururent et la pauvre mère fut quelque temps inconsolable. Elle se décida à quitter son époux, se fit aménager une petite cellule avec une petite fenêtre. Elle se nourissait de farine d'orge malaxée dans de l'eau avec de la cendre. De longs jeûnes séparaient ses réfections. La bonne qui la servait l'abandonna un jour. Monégonde resta cent vingt heures sans recevoir sa ration. Le ciel en guise de manne lui envoya de la neige. Elle put en recueillir un peu par la fenêtre et fit sa pâtée accoutumée avec un reste de farine. La sainte femme opéra quelques guérisons retentissantes. Elle eut peur de la vaine gloire et vint se réfugier à Tours auprès de saint Martin.
Quelle ferveur elle mit dans sa prière à l'arrivée devant la tombe glorieuse de l'apôtre des Gaules! De nouveau, elle eut sa petite cellule dans le voisinage de ce tombeau. Et sa vie de prière reprit, mesurée par ses jeûnes et ses veilles. Son mari entreprit de ramener à Chartres cette profitable thaumaturge. Mais bientôt elle revint à Tours et fonda un monastère avec quelques moniales venues se grouper autour d'elle. Ce serait Saint-Pierre-le-Puellier. Le menu de la sainte restait de pain d'orge. Elle prenait un peu de vin aux fêtes, mais largement coupé d'eau. Une natte de joncs était tout son mobilier. La sainte continuait à faire des miracles. Comment procédait-elle ? Voici un jeune homme qui a grand mal au ventre : elle pose sur la douleur une feuille de vigne verte enduite de salive, fait un signe de croix. Au bout d'une heure, le garçon est guéri. Un autre est paralytique : elle prie Dieu à genoux, se relève, prend l'enfant par la main et le redresse guéri. On lui amène une aveugle : cette fois, elle se récrie. Elle n'est qu'une pécheresse : qu'on s'adresse à saint Martin! Mais l'aveugle insiste. La sainte pose les mains sur ses yeux, et leur cataracte disparaît.
Les forces de Monégonde déclinaient. Ses compagnes la prièrent de leur laisser de l'huile et du sel bénits par elle, qui serviraient à guérir les malades. La sainte mourut et fut enterrée dans sa cellule. Sa tombe continua ses prodiges salutaires. L'archidiacre de Grégoire fut guéri par elle. Son culte ancien à Tours est bien attesté. Les reliques restèrent à Saint-Pierre-le-Puellier jusqu'en 1562 : les huguenots les détruisirent alors partiellement. Ce qui fut sauvé fut élevé solenellement le 8 mai 1697. La ville de Chimay en Hainaut honore spécialement sainte Monégonde.
Sources :
« Sainte Monégonde, recluse à Chartres, puis à Tours », dans Paul Guérin, Les Petits Bollandistes : du 14 juin au 2 juillet, t. VII, Paris, Bloud et Barral, 1876, p.615 (en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30737v/f621.item.texteImage)