Saint EUCAIRE, évêque de Toul, martyr (IVe siècle)

  Fête : 22 octobre

Eucaire dut le jour à Baccius et à Lientrude, tous deux d'une origine distinguée et dont la résidence est fixée, par divers auteurs, à Toul, à Soulosse ou à Grand. Il est le frère de saint Elophe et des saintes Libaire, Suzanne, Menne, Oda et Gontrude, suivant l'antique inscription, peut-être reproduite d'une plus ancienne, et qui se lit encore, incrustée dans le mur de la chapelle élevée au lieu même du sacrifice du généreux confesseur Eucaire, au confluent de la Meurthe et de la Moselle, non loin du village de Pompey.

Des légendes modernes disent qu'Eucaire dirigeait les écoles de Toul, non pas, sans doute, qu'à cette époque reculée, elles fussent ce qu'elles sont devenues plus tard. Toutefois, ces écrits sont trop récents et n'appartiennent pas à la bonne tradition du pays. Quoi qu'il en soit, Julien allant avec son armée, des Gaules en Allemagne, passa par Toul où il entendit parler d'Eucaire comme d'un maître habile et d'un intrépide défenseur de la nouvelle religion. L'apostat n'ayant pu, ni par caresses, ni par menaces, l'amener à renoncer à la foi en Jésus-Christ, lui fit trancher la tête avec Elophe son frère et la vierge Libaire sa sœur.

Cette dernière proposition de la légende ne doit, ce nous semble, être entendue que dans le sens de la condamnation à mort, par le même tyran, et non pas de la simultanéité du supplice ; les actes de saint Elophe le faisant succomber près de Soulosse, et ceux de sainte Libaire marquant le voisinage de Grand, comme sépulture de cette vierge courageuse.

La légende rapporte de saint Eucaire, qu'immédiatement après son martyre, sur les bords de la Meurthe, il se leva, prit dans ses mains sa tête coupée et la porta, en suivant la vallée de Pompey, jusqu'à la distance d’un kilomètre et demi ; qu'il s'arrêta sur les confins de la forteresse de Liverdun, déposa sa tête sur un quartier de roche et s'arrêta ; enfin, que de ce lieu les chrétiens le transportèrent dans l'enceinte du castrum qui était proche et l’y ensevelirent honorablement. Aussi parut-il s’en être constitué le protecteur. En effet, les Vandales et les Huns, ayant traversé l'Allemagne, et s'étant répandus sur le Toulois, y portaient de toutes parts la dévastation par le glaive et l'incendie. Les habitants de Liverdun furent préservés de leur sinistre visite ; privilège qu'ils attribuèrent à l'intercession de saint Eucaire, et que Dagobert Ier, roi de France et d'Austrasie, consigna comme un miracle, dans une charte qu'il voulait donner à l'Eglise de Toul.

D'après les plus anciens monuments de l'église de Liverdun, il a été constaté que grand nombre de sourds, de muets, d'aveugles, d'énergumènes, de personnes accablées d'autres infirmités, avaient recouvré la santé au tombeau du bienheureux martyr. Dans tous les temps aussi, les évêques de Toul ont marqué leur vénération pour celui qu'ils comptaient comme un de leurs collègues dans l'épiscopat et qui avait arrosé, de son sang, l'arbre de la foi planté sur le sol des Leuci.


Sources :

« Saint Eucaire, évêque, martyr près de Pompey, au diocèse de Nancy », dans Paul Guérin, Les Petits Bollandistes : du 3 octobre au 27 octobre, t. XII, Paris, Bloud et Barral, 1876, p.529 (en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30742f/f535.item)