Breton de naissance, Léry naquit de parents chrétiens qui lui firent commencer ses études religieuses aussitôt qu'il fut en état d'en apprendre les premiers éléments. Il y fit de grands progrès, et, pour suivre les attraits d'une grâce particulière qui l'appelait à une plus haute perfection, il quitta ses biens et sa famille et se dirigea vers une terre où il espérait n'être connu que de Dieu. Il y bâtit un petit monastère qui a depuis porté son nom, et a donné naissance au village de Saint-Léry (Morbihan). Là il mena une vie toute céleste et se rendit utile à tout le pays des environs par ses discours, ses exemples, et les miracles dont il plut à Dieu de récompenser ses prières et la foi de ceux qui s'adressaient à lui.
Dans la suite, quelques disciples se présentèrent à Léry, et demandèrent à marcher sous sa conduite dans les voies du salut ; ils trouvèrent en lui un fonds inépuisable de foi, de confiance en Dieu et de zèle pour le salut du prochain ; avec eux, le saint abbé commença à travailler au salut des Bretons, et particulièrement de ceux du diocèse d'Aleth (ville détruite dont les ruines se voient entre Saint-Malo et Saint-Servan) ; de nombreuses conversions furent le fruit du zèle des généreux missionnaires.
Après avoir fourni une longue carrière, saint Léry tomba malade et s'éteignit le 30 septembre, on ne sait au juste en quelle année. Son corps, enfermé dans un tombeau de pierre, fut déposé dans son ermitage ; à l'époque de l'invasion des Normands, ses reliques furent transportées à Tours, et allèrent enrichir l'abbaye de Saint-Julien. En 1407, ces sacrés ossements furent tirés d'une châsse de bois presque vermoulue, et replacés dans une autre d'argent ; on les y conserva avec respect jusqu'en l'année 1562, époque à laquelle les protestants, s'étant emparés de Tours, pillèrent les églises et emportèrent de celle de Saint-Julien cinq châsses d'argent, au nombre desquelles se trouvait celle qui renfermait le corps de saint Léry et qu'ils détruisirent.
L'ancien calendrier de l'abbaye de Saint-Meen (Saint Melanus), au diocèse de Rennes, marque la fête de saint Léry, abbé, au 30 septembre. Ce saint n'est maintenant honoré dans aucun diocèse de Bretagne, et ne paraît recevoir de culte que dans le village qui porte son nom. Son tombeau se voit encore dans l'église paroissiale : il est élevé de trois pieds au-dessus du sol, et, sur la pierre qui le couvre, est sa statue qui le représente vêtu d'une chape, tenant une crosse de la main droite et un livre de la gauche. Sur le rebord de la pierre tumulaire, on lit ces mots, écrits en lettres gothiques : « Cy fut mis le corps de Monsieur saint Léry ». À la partie inférieure du tombeau se trouve une suite d'arcades en ogive, avec la figure d'un religieux entre chaque colonne. Tout le monument est en pierre : nous ne savons à quel siècle il appartient.
Sources :
« Saint Léry, prêtre et abbé, au diocèse de Vannes », dans Paul Guérin, Les Petits Bollandistes : du 10 septembre au 2 octobre, t. XI, Paris, Bloud et Barral, 1876, p.581 (en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k307413/f585.item)