Prudence, poète latin qui florissait dans le IVe siècle, raconte ainsi le supplice de saint Cassien :
« Il était maître d'école à Imola lorsque la persécution y devint violente contre les chrétiens. Il fut arrêté et interrogé par le gouverneur de la province ; comme il refusa héroïquement de sacrifier aux idoles, le juge eut la barbarie d'ordonner que ses écoliers le piqueraient avec des stylets jusqu'à ce qu'il fût mort. Moins les coups de ceux qu'on lui donnait pour bourreaux avaient de force, plus son supplice devenait long et cruel. On l'exposa nu au milieu d'une troupe de deux cents enfants. Les uns le frappaient au visage et sur la tête avec leurs tablettes, et les lui rompaient souvent sur le corps ; les autres le piquaient avec leurs stylets, lui sillonnaient la chair et en enlevaient des lambeaux ; quelques-uns se faisaient un jeu barbare d'écrire leur tâche sur sa peau. Couvert de son sang et déchiré par tout le corps, il disait à ces malheureux enfants de ne rien craindre et de redoubler leurs efforts. Par ces paroles, son intention n'était pas de les encourager dans leur crime, mais d'exprimer le désir ardent qu'il avait de mourir pour Jésus-Christ ».
Après sa mort, les chrétiens l'enterrèrent à Imola, et renfermèrent depuis ses reliques dans un riche mausolée. Rien de plus gracieux que le tombeau du saint dans la cathédrale d'Imola. C'est un ouvrage moderne, de marbre blanc et très-bien sculpté. Il est élevé et placé derrière le maître-autel. On y remarque de petits anges qui tiennent des stylets, instruments de son supplice. Le pape Pie IX, qui était évêque d'Imola avant de monter sur le saint-siège, a orné ce tombeau de marbre précieux. Sur la même ligne et dans des chapelles latérales, à droite et à gauche, on voit aussi les tombeaux de saint Pierre Chrysologue, archevêque de Ravenne, mort à Imola, et d'un autre saint pontife. Ces trois monuments d'un même style produisent un très-bel effet.
Saint Prudence dit que dans son voyage de Rome il visita le tombeau du saint martyr et que, s'étant prosterné devant, il implora la miséricorde divine pour ses péchés avec beaucoup de larmes. Il parle d'un tableau placé au-dessus de l'autel, lequel représentait le martyre de saint Cassien de la manière qu'il l'a rapporté. Il exhorte tous les fidèles à se recommander avec lui à ce saint, qui ne manque point d'écouter les prières qu'on lui adresse.
Sources :
« Saint Cassien, martyr à Imola, en Italie », dans Paul Guérin, Les Petits Bollandistes : du 24 juillet au 17 août, t. IX, Paris, Bloud et Barral, 1876, p.531 (en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30739j/f537.item)