Valdelène, duc de la Haute-Bourgogne, et Flavie, son épouse, gémissaient devant Dieu de n'avoir point d'enfant. Saint Colomban leur en obtint un par ses prières (594) ; il le baptisa lui-même sous le nom de Donat, qui rappelait sa naissance miraculeuse, car ce mot signifie donné par Dieu, Donatus. Dès que Donat fut sorti de l'enfance, ses parents le mirent au monastère de Luxeuil, où saint Colomban le guida dans la vertu et les lettres. Obligé de quitter Luxeuil, pour aller en exil, en 610, le saint abbé recommanda son jeune disciple à saint Eustaise, son successeur. Après avoir reçu, dans ce monastère, une éducation aussi brillante que solide, avec une foule de jeunes nobles, qui dans la suite illustrèrent comme lui l'épiscopat, notre saint y prit l'habit monastique. On ne sait à quel âge il-fut élevé au sacerdoce, et évangélisa le peuple de l'Helvétie. Mis sur le siège archiépiscopal de Besançon, en 624, il assista en cette qualité au Concile de Reims (625), composé de quarante-et-un évêques parmi lesquels on comptait onze métropolitains. Nous avons de ce Concile vingt-cinq canons, dont voici le dernier : « On n'élira pour évêque d'une ville qu'une personne qui soit du pays ; et l'élection se fera par le suffrage de tout le peuple, et de l'agrément des co-provinciaux ». Donat dut en partie, son élection à cet usage, car il était né à Besançon. Il fit de son immense patrimoine le plus noble emploi : il donna ses terres de Domblans et d'Arlay aux églises de Saint-Jean et de Saint-Etienne ; il fonda le vaste monastère de Saint-Paul, où se trouvait le palais des anciens gouverneurs romains, comme l'indiquent des débris et des fouilles faites de notre temps ; il composa pour les religieux de ce monastère, où il allait souvent respirer lui-même l'air de la solitude et porter l'habit monastique, et pour les Chapitres des deux cathédrales de Besançon, de Saint-Jean, située au bas de la montagne, de Saint-Etienne, bâtie sur le mont Cœlius, un recueil de pieux conseils et de salutaires avertissements, destinés à les diriger dans la vie religieuse et dans l'observation de la règle.
Saint Donat demeurait tantôt avec les clercs de Saint-Etienne, tantôt avec les religieux de Saint-Paul, portant toujours l'habit monacal, observant fidèlement la règle, vivant au milieu d'eux comme un simple religieux, et remplissant exactement l'office de chanoine. Il serait difficile de dire tout ce qu'il déployait de zèle et d'activité pour entretenir la foi au milieu de son peuple. Le bruit de ses vertus éminentes se répandit au loin. « On lit dans nos manuscrits », écrivait Dunod, « que Clotaire II marquait une confiance particulière à saint Donat, et qu'il prenait souvent ses conseils ». Un grand nombre de chrétiens, attirés par sa renommée, venaient de toutes parts visiter les sanctuaires de Saint-Jean et de Saint-Etienne, et se montraient avides de voir et d'entendre le saint évêque. Donat accueillait avec bonté tous ces pieux visiteurs, les charmant par la douceur de ses paroles, les fortifiant par la grâce de ses bénédictions. Quand ces fidèles déposaient quelque offrande entre ses mains, comme autrefois les premiers chrétiens aux pieds des apôtres, Donat ne voulait jamais que ces dons de la piété fussent employés pour son usage particulier ; mais il les consacrait au soulagement de tous les pauvres.
On trouve le nom de saint Donat dans les actes de fondation de plusieurs monastères, établis à cette époque dans diverses provinces de France. En 650, il fit partie du concile de Châlon-sur-Saône. Il fonda, dans sa ville épiscopale, un monastère de religieuses, sous le vocable de la bienheureuse vierge Marie : on l'appela Jussa-Moutier, c'est-à-dire monastère d'en bas, parce qu'il était situé au pied de la montagne qui domine Besançon. Gautrude en fut la première abbesse. Sirude, sœur de Donat, et Flavie, sa mère, y prirent le voile. A leurs prières, il composa pour elles une règle que nous avons encore. On l'a toujours citée avec éloge ; il y développe dans soixante-dix-sept chapitres tous les devoirs des religieuses. Il dit lui-même qu'il s'est emparé de saint Benoît, de saint Césaire et de saint Colomban, et qu'il donne comme la fleur de leurs pensées ; il prit une grande part aussi à la direction du monastère de Brégille, fondé par son oncle Amalgaire, second duc de la Bourgogne. Amalgaire avait établi cette maison pour Adalsinde, sa fille. Après avoir gouverné son Église pendant environ trente-deux ans, saint Donat rendit son âme à Dieu le 7 août, vers l'an 660. Il fut inhumé dans l'abbaye de Saint-Paul, auprès de son père Valdelène. Dieu glorifia son tombeau, et il fut honoré comme saint.
Sources :
« Saint Donat, confesseur, moine de Luxeuil, puis archevêque de Besançon », dans Paul Guérin, Les Petits Bollandistes : du 24 juillet au 17 août, t. IX, Paris, Bloud et Barral, 1876, p.371 (en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30739j/f377.item)